Oct 12, 2017 @ 08:18
Les phénomènes climatiques extrêmes dont la fréquence et la violence ne cessent d’augmenter font grimper les coûts liés aux changements climatiques. Les inondations qui ont eu lieu ce printemps dans l’Est du Canada et les incendies qui, semble‑t‑il, n’ont pas connu de trêve cet été dans l’Ouest trouvent leurs origines dans les changements climatiques. Cependant, les ouragans qui ont dévasté le Texas, la Floride, Porto Rico et de vastes zones des Antilles nous rappellent avec encore plus de force que le climat change et qu’il en coûte de plus en plus cher pour gérer ses effets. C’est peut‑être la raison pour laquelle nous avons été déçus d’entendre la commissaire à l’environnement et au développement durable nous apprendre que le gouvernement n’avait pas pris les mesures nécessaires pour réduire les émissions de gaz à effet de serre ou pour faire face aux conséquences des changements climatiques.Dans le rapport qu’elle a remis cette semaine, la commissaire fédérale à l’environnement et au développement durable, Mme Julie Gelfand, affirme sans ambages que le gouvernement n’a réalisé aucun progrès en vue de respecter les engagements du Canada en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Elle explique par ailleurs que seulement cinq des 19 ministères et organismes gouvernementaux examinés ont pleinement évalué les risques que représentent les changements climatiques et pris des mesures pour les contrer. Elle conclut que, depuis 1992, les émissions de gaz à effet de serre ont en fait augmenté de 15 %.
Il y a deux ans, la priorité du gouvernement libéral nouvellement élu était de signer l’Accord de Paris sur le climat. Avec tout le tapage entourant cette annonce, on a oublié que rien n’avait vraiment changé et que le Canada ne faisait que reprendre l’engagement de Stephen Harper en ce qui concerne les cibles de réduction des émissions. Cette semaine, le vérificateur général a déclaré qu’au lieu de viser les cibles fixées pour 2020, le gouvernement avait redirigé ses efforts vers un nouvel engagement plus difficile à atteindre fixé pour 2030. Cette décision ne fait que remettre à plus tard l’atteinte des cibles de réduction des émissions et reporter d’autant les coûts associés aux mesures.
Le rapport ne fait que confirmer ce que les néo-démocrates affirment depuis longtemps, c’est‑à‑dire que les cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre ne sont pas conformes à celles auxquelles le Canada s’est engagé et, ce qui est pire encore, qu’on ne les atteindra pas. Ils s’inquiètent du fait que le gouvernement n’a encore rien proposé de concret pour éliminer le subventionnement des combustibles fossiles et que l’approche tous azimuts adoptée en matière de changements climatiques est tout simplement inefficace.
Ce ne sont pas seulement les cibles que l’on rate; le Canada n’arrive toujours pas à quantifier les mesures qu’il prend. Dans son rapport, la commissaire signale qu’Environnement Canada n’a pas élaboré de mécanisme pour évaluer et surveiller les émissions de gaz, et pour en faire le bilan à l’intention du public. Elle conclut également que 14 des 19 ministères et organisations ayant fait l’objet d’une vérification, y compris, aussi incroyable que cela puisse paraître, Environnement et Changement climatique Canada, n’ont pas évalué les risques que représentent les changements climatiques, ni n’ont élaboré de plan d’action. La commissaire explique que le gouvernement est loin d’être prêt à faire face aux violentes tempêtes ainsi qu’aux inondations et aux incendies plus fréquents qui, selon les prévisions, devraient découler des changements climatiques. Il s’ensuit que les phénomènes météorologiques extrêmes plus fréquents nous prendront au dépourvu et révéleront notre manque de préparation.
Les changements climatiques sont dans la mire politique depuis 25 ans, soit depuis le Sommet de la terre organisé en 1992 par l’ONU. Pourtant, on a fait trop peu jusqu’ici pour s’attaquer à leurs causes ou à leurs symptômes, et ce, malgré le fait que les coûts engendrés par les phénomènes météorologiques extrêmes grimpent d’année en année. Malheureusement, le véritable héritage des changements climatiques est la facture que nous léguerons aux générations futures. J’ai du mal à imaginer que beaucoup de Canadiens se réjouissent de ce scénario inévitable.