La vente de biens publics n’offre pas d’avantages à long terme

Plus les Canadiens examinent l’engagement des libéraux d’investir dans l’infrastructure publique, plus ils se rendent à l’évidence que le plan libéral consiste principalement à transférer de l’argent des contribuables et des biens publics au secteur privé. Il n’a jamais été question de ce modèle d’investissement à but lucratif pendant la campagne électorale, vraisemblablement parce qu’il n’aurait jamais obtenu beaucoup d’appuis au sein de la population. La création de la banque de l’infrastructure qui vise à fournir des deniers publics à des investisseurs privés a mis au jour l’intention du gouvernement d’appuyer des projets à but lucratif et de vendre des biens publics.

Dans une certaine mesure, ce n’est pas du nouveau. Cependant, une nouvelle donnée n’a pas attiré suffisamment d’attention pendant l’été. Nombre de personnes se rappelleront que la vente de biens publics figurait parmi les principaux thèmes du débat sur le budget. On a notamment appris que le gouvernement a retenu les services de la société d’experts-conseils PricewaterhouseCoopers pour savoir comment procéder à une éventuelle privatisation des aéroports canadiens. Cet été, un site Web du gouvernement, en l’occurrence Buyandsell.gc.ca, a révélé que les libéraux envisagent de vendre jusqu’à concurrence de 8,3 milliards de dollars de l’infrastructure de Parcs Canada. Ce projet de cession vise des routes, des ponts et des barrages essentiels pour nos parcs nationaux. Or, la vente de ces importants éléments d’infrastructure permettrait à des investisseurs privés d’engranger des profits aux dépens des générations futures et risquerait de limiter l’accès aux parcs nationaux.

Les Canadiens sont attachés à leurs parcs nationaux, comme le gouvernement le sait pertinemment. Ces espaces naturels figurent au nombre des éléments importants énoncés dans la lettre de mandat remise à la ministre de l’Environnement et du Changement climatique. Ce document souligne notamment la nécessité de protéger le réseau des parcs nationaux et de mieux servir les Canadiens de toutes les couches de la société. Qui plus est, dans le cadre des célébrations du 150e anniversaire du Canada, le gouvernement offre cette année l’accès gratuit aux parcs nationaux. Toutefois, alors même qu’un nombre record de personnes visitent nos parcs nationaux, le gouvernement envisage la vente d’éléments d’infrastructure essentiels. Or, la concrétisation de ce projet limiterait l’accès aux territoires des parcs et entraînerait dans l’avenir une augmentation des coûts pour les Canadiens. Il importe de signaler qu’aucune de ces conséquences ne correspond aux objectifs énoncés dans la lettre de mandat que le premier ministre a fait parvenir à la ministre.

Les néo-démocrates craignent que le gouvernement n’ait renoncé à sa promesse de protéger les parcs nationaux. Plutôt que d’écouter les personnes qui connaissent bien ces espaces naturels et qui réclament un meilleur entretien de leur infrastructure, le gouvernement engage Parcs Canada sur une voie erronée et irresponsable. Par surcroît, comme rien n’indique que des consultations publiques sont prévues dans le processus, il y a tout lieu de croire que le gouvernement n’amorce des discussions avec le secteur privé avant même de mener des consultations auprès des Canadiens.

À défaut de consultations, la vente de biens de Parcs Canada pourrait donner l’impression que le gouvernement favorise ses partisans. Bon nombre d’intervenants doivent participer à toutes les négociations susceptibles d’entraîner des changements considérables à nos parcs nationaux. Les intervenants communautaires, les environnementalistes, les Premières Nations locales et les Canadiens qui fréquentent les parcs doivent être consultés en bonne et due forme afin que le gouvernement comprenne pleinement l’incidence que risque d’avoir la privatisation des éléments d’infrastructure visés. L’enjeu ne se limite pas à une entrée d’argent ponctuelle et les Canadiens méritent que le gouvernement prête oreille à leurs préoccupations avant qu’il ne soit trop tard pour y réagir.