La pauvreté infantile demeure un énorme problème au Canada

En 1989, le Parlement a adopté à l’unanimité une motion demandant l’élimination de la pauvreté infantile au Canada d’ici l’an 2000. Cela a mené à la création de la Campagne 2000, un mouvement pancanadien d’éducation du public visant à sensibiliser la population à l’égard de la motion parlementaire et des efforts pour atteindre les objectifs fixés, et à obtenir un soutien à cet égard. La publication de recherches sur les indicateurs de la pauvreté infantile et l’élaboration de ressources d’éducation du public sont entre autres au centre des efforts déployés par Campagne 2000. Le bulletin de l’organisme rappelle au Parlement l’engagement qu’il a pris et aide les Canadiens à voir où se trouvent les plus grands défis.

Jusqu’à ce jour, un pourcentage élevé inacceptable d’enfants canadiens vit encore sous le seuil de la pauvreté. Même si le Canada compte parmi les pays les plus riches du monde, 1,2 million d’enfants grandissent sous le seuil de la pauvreté au pays. Cela représente 17,4 % de tous les enfants. Au sein des populations autochtones, le nombre explose à un sommet scandaleusement élevé de 37,9 %. Comme on peut s’y attendre, et comme le dit Campagne 2000, il est « déplorable » de constater que les enfants de familles marginalisées — autochtones, racialisées, d’immigration récente, monoparentales dirigées par une femme ou touchées par une incapacité — sont plus nombreux que les autres enfants à vivre en situation de pauvreté.

Le rapport de Campagne 2000 de cette année adopte une approche par circonscription afin d’informer les parlementaires des défis précis dans les circonscriptions qu’ils représentent. Le rapport utilise un graphique en cinq tranches qui illustrent les niveaux de pauvreté. Le taux moyen du quintile inférieur est de 8,9 % et celui du quintile supérieur est de 29,6 %. Le rapport révèle où les niveaux moyens actuels sont les pires. Par ailleurs, il nous surprend en nous apprenant que, dans la circonscription de Toronto­Centre, 40 % des enfants vivent dans la pauvreté. Cependant, malgré toute surprise, de nombreuses constatations ont été faites à la lumière des problèmes qui semblent insurmontables.

Algoma—Manitoulin—Kapuskasing fait partie du quatrième quintile, dont le taux moyen de pauvreté infantile varie de 18,7 à 22,7 %. Les circonscriptions du Canada affichant les taux de pauvreté infantile les plus élevés ont des indicateurs communs. Par exemple, elles présentent aussi les taux de familles monoparentales les plus élevés, les taux de participation au marché du travail les plus faibles, les taux de chômage les plus élevés ainsi que les taux les plus élevés de locataires (plutôt que de propriétaires) et de personnes dépensant plus de 30 % de leur revenu pour se loger. Ces indicateurs correspondent étroitement aux constatations faites dans le rapport au sujet des circonscriptions rurales, où vivent quatre enfants canadiens en situation de faible revenu sur dix.

Vous vous souviendrez peut-être que, lors de la campagne électorale, le gouvernement a spécifiquement promis de sortir des milliers d’enfants de la pauvreté. Il a également dit qu’il allait mettre en œuvre une stratégie de réduction de la pauvreté. Toutefois, nous attendons toujours qu’il donne suite à ces promesses. Campagne 2000 souligne que les trois ordres de gouvernement, les Premières Nations ainsi que les secteurs privé et à but non lucratif doivent être partie prenante de toute solution.

On nous dit qu’on vit dans une ère de richesse sans précédent, mais il est manifeste que cette richesse n’est pas distribuée équitablement dans l’ensemble de la société. Au cours des décennies, des efforts officiels visant à régler le problème ont été déployés. Cependant, ces efforts ont été vains, car les taux de pauvreté infantile semblent être demeurés inchangés. L’année prochaine marquera le 30e anniversaire de la motion parlementaire demandant d’éliminer la pauvreté infantile d’ici l’an 2000. Si la pauvreté infantile ne devient pas une préoccupation urgente du gouvernement, il se pourrait bien que nous en discutions encore au 50e anniversaire de la motion, ce qui serait véritablement honteux.