Le premier ministre Ford préfère pointer du doigt plutôt que de se rendre au travail

Les lecteurs se souviendront peut-être de ma chronique de la semaine dernière sur les tentatives du gouvernement Ford de mettre une nouvelle couche de peinture sur un navire qui fuit quand il s’agit de l’éducation. Il essaie de prolonger le nombre de jours que les enseignants à la retraite peuvent travailler dans une année. Une situation semblable se prépare dans un autre secteur de l’éducation, c’est-à-dire au niveau postsecondaire.

Les difficultés dans l’éducation postsecondaire ont récemment fait les manchettes en raison de la réforme par le gouvernement fédéral des critères pour les étudiants internationaux qui entrent au Canada pour étudier. Le premier ministre Ford et ses ministres voudraient vous faire croire que c’est cette seule action qui a causé une crise dans le secteur du jour au lendemain. Cependant, cette histoire est loin d’être la vérité. Selon l’ « Ontario Confederation of University Faculty Associations (OCUFA) », les universités de l’Ontario reçoivent moins de financement par étudiant national que les universités partout ailleurs au Canada. Pour être juste envers le premier ministre, c’est le cas depuis des décennies, et plusieurs gouvernements provinciaux sont à blâmer.

L’Ontario est également la seule province au Canada qui plafonne le nombre d’étudiants canadiens financés dans chaque université. Le modèle de financement de l’Ontario précise une limite pour le nombre d’étudiants canadiens que le gouvernement provincial appuiera. En effet, cela signifie qu’il n’y a aucune incitation pour les universités à essayer d’accueillir plus d’étudiants, ce qui réduit encore davantage leurs budgets.

Pourquoi, alors, le premier ministre pointe-t-il du doigt le niveau fédéral, en disant que cette crise est sur eux alors qu’il s’agit clairement d’un problème hérité des gouvernements précédents ? La réponse la plus logique est que ce gouvernement conservateur ne veut pas régler le problème. Que le premier ministre estime que c’est trop difficile, trop coûteux ou que cela ne vaut pas le temps de son gouvernement, c’est à l’interprétation. Cependant, l’Ontario subira de graves conséquences si nous laissons nos universités publiques s’effondrer.

Les tendances démographiques actuelles indiquent que la demande de places universitaires ne fera qu’augmenter au cours de la prochaine décennie. Sans un changement à la formule de financement, les jeunes de l’Ontario ne pourront pas faire leurs études postsecondaires dans leur province d’origine, et encore moins dans leur propre collectivité.  Pensez à la façon dont cela nous affectera dans le Nord. Notre région compte d’excellents établissements d’enseignement postsecondaire qui offrent aux jeunes la chance d’obtenir l’éducation et les compétences dont ils ont besoin pour leur avenir dans nos collectivités.

À mesure que la population de l’Ontario continuera de croître, moins d’élèves pourront obtenir cette éducation dans le Nord. Ils devront se déplacer vers le sud, dans les grands centres urbains, et peut-être à l’extérieur de la province ou du pays. Il y a un potentiel ici pour une fuite massive des cerveaux dans le Nord et même dans tout l’Ontario, où beaucoup de nos meilleurs et les plus brillants peuvent finir par fréquenter l’université ailleurs par nécessité et ensuite choisir d’y rester en permanence. Cela se traduira par moins d’innovation et de recherche fabriquées en Ontario et moins de personnes très scolarisées dans notre main-d’œuvre.

Le sous-financement a également amené les établissements d’enseignement postsecondaire à chercher des mesures d’économie à court terme pour compenser le manque de financement. L’une de ces mesures est le recours croissant au corps professoral contractuel plutôt qu’au corps professoral permanent à temps plein. En fait, l’OCUFA estime que plus de la moitié des membres du corps professoral travaillent maintenant sur des contrats à court terme, et le nombre de cours qu’ils enseignent a doublé depuis 2000.

Essentiellement, cela signifie que de plus en plus de membres du personnel enseignant dans les universités sont là pour une courte période, ce qui signifie qu’ils n’ont pas la longévité et la sécurité pour offrir des expériences pédagogiques de haute qualité aux étudiants. Cela rend également une carrière dans les études postsecondaires moins attrayantes pour les nouveaux arrivants, sachant qu’ils ne trouveront probablement pas un emploi stable à temps plein dans un avenir prévisible.

La solution à cette crise fabriquée est d’aligner l’Ontario sur les autres provinces afin que nous ne soyons plus au dernier rang en matière de financement par étudiant. Cela signifierait une augmentation annuelle de 11,7 % sur cinq ans du modèle de financement et un engagement à l’égard d’une stratégie globale pour assurer le retour de la stabilité dans le secteur.

Il est intimidant de voir à quel point l’Ontario a pris du retard dans ce secteur. Je peux comprendre pourquoi le premier ministre préférerait faire l’autruche. Mais le fait de voir le financement des études postsecondaires comme un simple coût n’est pas un bon état d’esprit. Il y a d’excellentes raisons de considérer l’argent qui va aux universités comme un investissement.

Le Conference Board du Canada estime que l’investissement dans l’enseignement universitaire augmente le produit intérieur brut d’environ 96 milliards de dollars chaque année, et la recherche menée par les universités de l’Ontario ajoute 30 milliards de dollars supplémentaires. Pour donner une idée de ce que le retour sur investissement signifie pour les Ontariennes et Ontariens, considérez que pour chaque 1 $ investi, 1,36 $ en activité économique positive et ne tournons pas le nez sur la prémisse de base qu’une population très instruite est en meilleure santé, plus engagée et plus résiliente aux temps incertains.

Il est inutile de contourner le fait que l’éducation postsecondaire demeure vitale pour notre société. Si nous n’offrons pas une expérience éducative de haute qualité ici en Ontario, nos jeunes chercheront ailleurs des possibilités, et nous serons plus pauvres pour cela.

Pointer du doigt le gouvernement fédéral, c’est devenir la carte préférée du premier ministre « Sortez de prison sans prison ». Cependant, ce n’est pas un véritable substitut au travail de faire des investissements judicieux dans l’avenir de l’Ontario.

Comme toujours, je vous invite à communiquer avec mon bureau au sujet de ces questions ou de toute autre question provinciale. Vous pouvez joindre mon bureau de circonscription par courriel à [email protected] ou appeler sans frais le 1-800-831-1899.

Michael Mantha

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