Combien de fois avez-vous entendu une personne dire qu’elle en avait assez de la politique ou encore que rien ne changeait jamais? À l’approche de la fête du Travail, nous devons nous rappeler qu’un grand nombre des privilèges dont nous jouissons aujourd’hui ont été durement gagnés et qu’ils n’auraient jamais été obtenus si les gens avaient succombé à cette façon de voir les choses. Pour les gens, le travail des mouvements syndicaux n’est pas politique, alors qu’il l’est. En effet, en plus de régler des questions locales liées au milieu de travail, comme la négociation des conventions, le mouvement syndical influe sur le programme législatif. Des concepts importants, comme la santé et la sécurité au travail, les congés de maternité et la responsabilité des entreprises, sont le fruit d’efforts politiques dirigés par le mouvement syndical.
Dans la plupart des cas, les victoires du mouvement syndical profitent à tous les travailleurs. Par exemple, la semaine de travail de 40 heures, les lois interdisant le travail des enfants et les salaires minimums sont tout simplement des normes acceptées. Si l’on remonte dans le temps, chacune de ces victoires a été le fruit d’énormes efforts, causant même beaucoup de discorde. Malgré ces gains importants pour la société, il y a encore des politiciens et des personnages publics qui s’opposent au syndicalisme. Ils prétendent que les syndicats n’ont plus d’utilité, mais il s’agit là d’une idée qui sert les intérêts d’un très faible nombre de personnes privilégiées.
En réalité, l’adhésion aux syndicats diminue, alors que l’inégalité des revenus se creuse. Ce phénomène est plus apparent aux États-Unis, où le taux d’adhésion parmi les entreprises du secteur privé est passé de 34 % (son point le plus élevé) en 1979 à 10 %. Des études réalisées par des universités révèlent que les avantages d’une structure salariale pour les syndiqués vont bien au-delà des lieux de travail syndiqués. D’après des chercheurs de l’Université de Washington, les travailleurs de sexe masculin sans diplôme d’études collégiales seraient les plus avantagés, car ils toucheraient 9 % de plus dans un lieu de travail non syndiqué si le taux d’adhésion à un syndicat retournait aux taux de 1979. Pour ces travailleurs, les syndicats n’ont pas perdu leur utilité. La baisse du taux de participation au mouvement syndical a eu pour effet d’accroître l’écart entre le revenu et les dépenses pour ces personnes, de sorte qu’elles font maintenant partie des travailleurs pauvres.
L’adhésion aux syndicats a également connu une baisse au Canada au cours de la même période. Seulement 16 % des travailleurs dans les entreprises privées sont syndiqués. Bien que les chiffres soient un peu plus élevés qu’aux États-Unis, il faut s’attendre à ce que les effets sur les salaires des travailleurs non syndiqués soient les mêmes que chez nos voisins du Sud. Outre les faibles salaires, un nombre grandissant de travailleurs ne bénéficient pas de régime de pension ou d’avantages sociaux. Voilà qui met à rude épreuve notre filet social, qui nous coûte plus en bout de ligne, car nos impôts servent à remplacer les salaires, les fonds de pension et les autres avantages sociaux qui pourraient être la pierre angulaire d’une économie plus forte, profitant à plus de gens.
C’est pourquoi il ne faut pas se lasser de la politique, car une telle apathie ne fait que maintenir le statu quo et ne contribue pas à améliorer le bien-être de tous. Nous devons plutôt nous laisser inspirer par les efforts que le mouvement syndical a déployés pour améliorer nos conditions de travail de tant de manières et nous engager dans des luttes semblables. Nous ferons ainsi une différence pour nous‑mêmes et pour les générations à venir. Il est donc important de célébrer nos victoires à l’occasion de la fête du Travail et de nous rappeler que c’est seulement en travaillant fort que nous créerons un monde meilleur.
Bonne fête du Travail!
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