Lorsqu’une personne souffre d’une maladie grave, incurable et en phase terminale – et que s’annoncent d’autres symptômes, le déclin, puis la mort – les soins palliatifs procurent un soulagement. Maintenant, à la suite de la reconnaissance par la Cour suprême du Canada de l’aide médicale à mourir à titre de droit constitutionnel, une autre option s’offre aux personnes qui se trouvent dans cette situation pour contrôler leur souffrance. L’aide médicale à mourir permet aux médecins et au personnel infirmier praticien d’aider les patients souffrant d’une maladie en phase terminale de mettre fin à leur vie après une évaluation en profondeur de leur état de santé. Tout comme les soins palliatifs, l’aide médicale à mourir respecte les souhaits des patients et soulage la souffrance.
Nous mourrons tous un jour, et certains d’entre nous vivront une mort désagréable accompagnée de douleur et de symptômes de divers degrés. Il est possible de bien gérer cette douleur et ces symptômes grâce aux soins palliatifs, et dans la plupart des cas il s’agit d’une façon de faire adéquate. Mais l’aide médicale à mourir constitue une option pour les personnes dont la qualité de vie est diminuée par leur maladie en phase terminale, les personnes qui veulent mettre fin à leur douleur et à des symptômes évolutifs, ainsi qu’aux traitements qui les attendent avant leur décès.
Le Dr Mike Leckie et moi sommes deux médecins de North Bay qui offrons l’aide médicale à mourir depuis que le gouvernement fédéral a adopté le projet de loi C-14 en juin 2016. La loi donne aux patients admissibles l’option de demander l’aide médicale à mourir pour mettre fin à leur vie – et donne aux médecins et au personnel infirmier praticien le droit d’offrir ce service.
Les patients qui demandent l’aide médicale à mourir doivent être évalués par deux médecins ou membres du personnel infirmier praticien indépendants afin d’établir leur admissibilité au service.
Les médecins et les membres du personnel infirmier praticien sont les seuls professionnels de la santé qui peuvent évaluer l’admissibilité à l’aide médicale à mourir, la prescrire ou l’administrer.
La première fois que j’ai offert l’aide médicale à mourir, c’était dans le cas d’une dame qui souffrait et dont l’état se détériorait. Elle ne pouvait plus faire aucune activité qui lui tenait à cœur et ne voulait pas recevoir plus de médicaments ou de sédation palliative. Le jour de son décès, elle portait son plus beau pyjama de soie. Ses cheveux étaient coiffés et elle s’était maquillée. Elle s’est mise au lit au son de sa chanson favorite en arrière-plan. Elle a fait ses adieux, a parlé doucement de jouer avec ses petits-enfants près d’un ruisseau dans les bois, puis elle s’est endormie. Ce fut, et de loin, le plus beau décès auquel il m’ait été donné d’assister en 31 ans de carrière.
Durant la première année où la loi est entrée en vigueur, environ 20 personnes du Nord-Est de l’Ontario ont choisi l’aide médicale à mourir.
« En mai, mon mari, qui souffrait d’un cancer en phase terminale, a demandé l’aide médicale à mourir », indique Helen Eng. « C’était un homme fier, compétent, affichant un optimisme inébranlable envers la vie. Il voulait qu’on se souvienne de lui ainsi. C’est ce que nous avons fait. Au cours des dernières heures passées avec lui, nous avons éprouvé de la tristesse et versé des larmes, mais il y a également eu des moments de joie, de paix et de rire. Il s’est assuré qu’il en soit ainsi. Il était entouré et soutenu par l’amour de sa famille et de ses amis. Il était reconnaissant. Il avait un sourire serein quand il a fait ses derniers adieux. Ce fut une fin significative pour une vie bien remplie. »
L’aide médicale à mourir est une possibilité de plus pour les patients qui sont mourants et qui sentent qu’ils ont perdu le contrôle de leur vie. Plus de 90 % des personnes souffrant d’une maladie en phase terminale et évolutive qui demandent l’aide médicale à mourir le font non pas pour contrôler la douleur et les symptômes, mais en raison d’une angoisse existentielle. Les patients se sentent soulagés et rassurés au plan émotionnel lorsqu’ils savent qu’une option s’offre à eux. J’ai vu des patients pleurer de soulagement. Qu’ils aillent ou non de l’avant avec ce choix, ils sentent immédiatement un poids de moins sur leurs épaules.
À l’heure actuelle, la région compte dix médecins et membres du personnel infirmier praticien inscrits pour offrir l’aide médicale à mourir – et certains cliniciens qui choisissent de ne pas l’offrir.
Il reste des préoccupations sur le nombre de fournisseurs capables de répondre à la demande. Ma priorité pour le RLISS du Nord-Est est de renforcer la capacité à offrir le service aussi rapidement que possible en formant plus de cliniciens qui pourront offrir l’aide médicale à mourir. Je collabore avec la province pour apporter des changements qui permettront d’offrir l’aide médicale à mourir de façon durable à long terme. Par conséquent, le RLISS du Nord-Est sera le premier emplacement à offrir à l’automne une formation sur l’aide médicale à mourir financée par la province aux médecins et aux membres du personnel infirmier praticien intéressés. La formation aura lieu à Sudbury le 29 septembre.
J’inciterais les cliniciens qui envisagent d’offrir ce service à assister à un décès dans un contexte d’aide médicale à mourir afin de constater par eux-mêmes à quel point il s’agit d’une expérience enrichissante. Je crois qu’il s’agit de l’un des services les plus importants pouvant être offerts à un patient souffrant et mourant et à sa famille.
Faits :
- Le 31 mai 2017, la province a mis sur pied un service de coordination des soins pour aider les patients et les soignants à accéder à des renseignements et services supplémentaires concernant l’aide médicale à mourir et d’autres options de fin de vie. Les gens qui veulent être mis en contact avec un médecin ou un membre du personnel infirmier praticien pouvant offrir l’aide médicale à mourir peuvent téléphoner au 1 866 286-4023 ou au numéro ATS 844 953-3350.
- En Ontario, plus de 500 personnes ont choisi l’aide médicale à mourir depuis l’entrée en vigueur de la loi en juin 2016.
- Pour être admissible à l’aide médicale à mourir, un patient doit être âgé d’au moins 18 ans, être apte à prendre des décisions en matière de soins, être atteint d’un problème de santé grave et incurable, faire une demande volontaire pour cette intervention et donner son consentement éclairé.
- Une fois que l’admissibilité à l’aide médicale à mourir est confirmée au plan médical et que les documents sont remplis, la loi exige une période de réflexion de 10 jours.
- L’aide médicale à mourir ne peut avoir d’incidence sur une assurance-vie; elle ne constitue plus un cas obligatoire pour le coroner, mais doit plutôt faire l’objet d’une notification au coroner.
- Pour de plus amples renseignements sur l’aide médicale à mourir, consultez ce lien.
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